dimanche 29 avril 2012

Le choc du retour.

Contexte
Hier, je « fêtais » le 1 mois de ma délocalisation du Mali. Si quelqu'un m'avait demandé le 28 mars dans 1 mois où je me voyais... j'aurais sûrement dit en Europe (j'avais planifié un voyage là-bas). Je n'avais jamais pensé revenir aussi rapidement au Canada. Cela est un refrain que j'ai déjà chanté sur ce blogue. Bref, je suis rentrée au pays avec 1 an et demi de ma vie à raconter. Je savais déjà que mon entourage me poserait des questions sur mon séjour. J'avais bien hâte d'en parler.
Les faits
J'ai confronté la réalité la fin de semaine dernière, lorsque j'accompagnais Léa à son camp de sélection de soccer. J'avais déjà entrainé plusieurs des filles qui se trouvaient à ce camp et je connaissais leurs parents. Lorsque l'on m'a demandé comment j'ai trouvé le Mali, la première chose que j'ai dite, c'est qu'il faisait chaud et que cela était presque dangereux de jouer à certaines heures dehors (donc que ma fille ne pouvait pas trop jouer au soccer à tout moment). Puis, l'un des parents a immédiatement saisi cette occasion pour lier cette expérience (la chaleur) avec une vague de chaleur qui a touché le Québec l'an dernier. Je suis restée un peu perplexe. Je ne comprenais pas pourquoi on me parlait du Québec alors que je venais à peine de commencer mon récit. 
Le constat
1- Le manque d'intérêt
Après quelques heures de frustrations internes, j'ai compris que les gens ne s'intéressent pas vraiment à mon expérience. C'est plus par politesse que par intérêt qu'on me posait des questions. Je comprends qu'il peut être difficile pour certaines personnes de bien saisir l'information que je donne. J'ai beau tenter de dire qu'il faisait chaud, c'est comme décrire le froid de l'hiver à quelqu'un qui ne la jamais vu l'hiver... quand tu ne l'as pas vécu, c'est difficile de faire le lien et de t'accrocher à l'histoire de l'interlocuteur. J'ai même vécu ce manque d'intérêt avec certains de mes proches, des gens qui étaient venus me visiter, donc qui connaissaient certains éléments de ma vie là-bas, mais qui ne voulaient pas trop en savoir sur mes expériences après leur départ.
2- Le manque de temps 
Puis, j'ai aussi compris que les gens n'ont pas nécessairement le temps d'écouter tes histoires. Ils ont leurs propres vies et occupations. La majorité des gens ne prendront pas le temps de t'écouter. Je tiens cependant à souligner qu'il y a des gens qui veulent savoir, qui ont le temps et prendront le temps pour écouter.
La solution
En fait, une discussion avec une ancienne expatriée m'a vraiment apporté cette image : c'est comme si j'étais revenue d'une fin de semaine en voyage. Les gens veulent que tu leur décrives le tout (dans mon cas, 1 an et demi) en 5 minutes.
Mon père, un diplomate professionnel, m'a donné un truc : trouver 1 point fort et 1 point faible avec lesquels l'auditoire moyen peut faire des liens, et après c'est tout. Il ne faut pas nécessairement que ces points soient vrais, mais ils doivent être simples pour que mon auditeur puisse comprendre ce que « j'ai vécu ». J'imagine que c'est de cette façon que les stéréotypes sont continués et réaffirmés.
Je serais toujours surprise lorsque l'auditeur en voudra plus. Si je veux parler de mon expérience, mon meilleur auditoire est les gens qui ont vécu des expériences similaires. En fait, je reviens d'une thérapie amicale à Montréal. Je suis allée voir trois de mes amis (deux d'entre eux avaient vécu au Mali) qui ont su m'écouter et qui étaient curieux sur mes expériences. Je pouvais donc parler librement. Je suis revenue dans l'Outaouais avec la conscience légère et un meilleur état d'esprit. 
La prochaine fois que je rencontrerai quelqu'un qui me demande ce que j'ai le plus aimé (dans mon 1 an et demi... je me vois mal demandé la même chose à mon interlocuteur. Maintenant que j'y pense, je crois que je le ferais peut-être... je serais curieuse de connaître la réponse), je crois que je répondrais : que les Maliens sont très gentils et ce que j'aime le moins aimé : la chaleur. 
Conclusion
Malgré mes nombreux déménagements, c'est la première fois que je ressens cette isolation sociale. Je sais que c'est normal. Je crois cependant que j'ai vécu une expérience qui mérite d'être racontée, mais qui ne suscite pas autant d'intérêt que je croyais. En même temps, toutes les fois que je reviens de l'étranger, un ménage naturel dans mon entourage se fait souvent. Les chemins se séparent. Je comprends désormais que mon chemin a pris une tournure différente, ma vision de mon entourage aussi. J'ai adoré mon expérience. J'adore aller voir ce qui se passe ailleurs dans le monde, ou même dans le Canada (le nord du Canada m'attire beaucoup... peut-être que j'y ferais un petit tour un jour...).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Allez-y, commentez!