dimanche 8 avril 2012

La fin d'un chapitre. Attention, l'histoire, elle, continue!


Après 1 semaine et quelques jours de relocalisation au Sénégal, j’ai dû prendre une très grande décision… j’ai mis fin à mon mandat. J’envisageais de quitter le Mali au mois de juin, puis avec les événements politiques et l’instabilité de notre sort, on m’a suggéré de retourner au Canada. Cette décision a été prise dans un laps de temps assez court – une soirée. Léa, ma fille, était ma plus grande préoccupation. Cela faisait déjà 3 semaines d’école qu’elle manquait. Je ne voulais pas que sa scolarité soit perturbée par le coup d’État. Nous aurions pu l’inscrire dans un lycée français à Dakar, mais pour combien de temps? Personne ne pouvait nous le dire. Donc, après une bonne discussion avec ma directrice régionale, j’ai convenu qu’une fin de mandat était la meilleure solution.
Cependant, cette décision a été très difficile à prendre. En fait, le coup d’État a été pour moi un genre de deuil à faire pour le Mali. Je savais que j’allais le quitter, mais dans ma tête, ce départ n’était qu’en juin. J’aurais eu le temps de bien faire mes adieux et de fermer mes dossiers. Ce que je n’ai pas fait. Je suis une habituée des adieux (avec mes multiples déménagements), de « closure » (terme anglais pour fermeture, mais qui pour moi veut dire beaucoup plus que fermeture. C’est plus complet). Je n’en ai jamais fait un comme ça -> c’est vrai que les adieux sont toujours différents… mais je n’aime pas les adieux comme celui-ci.
En parlant avec Samuel et Caroline, 2 des 3 autres volontaires du CECI Mali relocalisés au Sénégal, nous avons fait le lien entre notre cas et les étapes émotives d’un deuil.

Voici 7 étapes émotives d’un deuilet mes commentaires :

Étape 1Le Choc : C’est une phase courte. L’annonce d’une rupture, conduisant à un constat, une annonce laisse la personne sans émotion apparente. Dès l’annonce de notre relocalisation, c’était un vrai choc.

Étape 2
Le Déni : C’est le refus de croire l'information. Étape qui n’a pas pris beaucoup de temps, puisque le surlendemain nous étions relocalisés.

Étape 3
La colère et le marchandage : C’est la confrontation avec les faits qui va engendrer une attitude de révolte, tournée vers soi et vers les autres. Caroline et Samuel se retrouvaient ici. Personnellement, tout le temps que j’étais au Sénégal, je me sentais aussi en colère. Je tentais de voir comment nous pourrions, Léa et moi, nous adapter à la situation temporaire. Puis, 1 semaine et 1 jour après la relocalisation, voyant que la situation ne s’améliorait pas (elle était toujours aussi incertaine), j’ai pris la décision de partir avec Léa (le jeudi, je partais le samedi).

Étape 4La tristesse : C’est un état de désespérance. Vendredi et samedi ont été vraiment difficiles. J’ai encore énormément de peine d’avoir quitté le Mali sans dire au revoir à mes collègues, mes amis, avoir fait toutes les activités que je voulais faire, etcEncore aujourd’hui, en pensant au Mali, le sentiment de tristesse est là. Je devais être forte pour ma fille. La situation était cependant très difficile pour moi.

Étape 5
La résignation : C’est l'abandon de cette lutte au cours de laquelle la personne peut avoir le sentiment d'avoir tout essayé pour revenir à la situation perdue. En prenant la décision de partir, j’ai dû me résigner. C’est comme ça. Ai-je pris la bonne décision? Je ne le saurais jamais vraiment. Je pense que je vais devoir me convaincre moi-même. Pour Léa, c’était la meilleure décision. Elle était tellement stressée et anxieuse. L’annonce de notre retour l’a soulagée.

Étape 6
L'acceptation : Dans cette étape, la personne accepte la perte. J’écris en ce moment de l’aéroport de Washington. J’ai dit au revoir à l’Afrique pour un petit bout hier. En plus, la dernière chanson que j’ai entendue au Sénégal est « Vem dançar Kudoro », une bonne fin? Un signe? Je ne sais pas... mais encore maintenant, quand je l’entends, des larmes me montent aux yeux. Mali, on se reverra Inch’allah, mais tu m’as tellement formée.

Étape 7 La reconstruction : l’acceptation seule ne suffit pas. Il faut reconstruire progressivement. La personne en deuil prend conscience qu'elle est en train de se réorganiser pour répondre aux obligations liées à toute vie en société. J’aimerais ici remercier mon frère qui a su trouver les bons mots pour m’orienter vers la reconstruction. « Tu dois voir ceci comme une nouvelle aventure ». C’est vrai. Il est certain que je n’ai pas totalement fait le deuil du Mali. Je suis en transit à l’aéroport, comme je suis en transit dans ma vie. Je quitte l’Afrique pour de nouvelles aventures qui commencent par un retour aux sources, peut-être pour mieux repartir, pour construire des bases plus solides ou pour forcer à évaluer ma vie. Qui sait?

Je ne sais pas si je vais continuer ce blogue. C’était mon premier. J’ai bien aimé l’expérience. Si nous ne sommes pas amis sur Facebook, je vous conseille de vous inscrire. Je pense le continuer, mais à quand m’y remettre, je ne suis pas certaine. Merci de m’avoir lue.
Zozani

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