lundi 31 octobre 2011

La semaine de l'économie sociale et solidaire

La semaine de l'économie sociale et solidaire vient de se terminer le 27 octobre 2011 dernier. 
Faisant partie du mois de la solidarité (la 17e édition en 2011), la semaine de l'économie sociale et solidaire est une collaboration du RENAPESS Mali et du Ministère du Développement social, de la Solidarité et des personnes âgées. Celle-ci se déroule toujours la dernière semaine du mois. Cette année était seulement la quatrième édition consacrée à l'économie sociale et solidaire. Toutes les années ont des thèmes particuliers. Cette année, le mois de la solidarité avait comme thème : « la lutte contre l'exclusion ». Le thème de la quatrième semaine, celle de l'économie sociale et solidaire (ESS), était : «le rôle de l'ESS dans la lutte contre la mendicité». Il y avait aussi des kiosques d'exposition pour les différents acteurs et participants. 
Cette édition était spéciale puisque pour la première fois, on accueillait des délégations du Burkina Faso, du Sénégal et de la Côte d'Ivoire.
J'ai assisté à la cérémonie d'ouverture ainsi qu'à la conférence/débat.
Les photos de la cérémonie d'ouverture :
Animation de la troupe des balafonistes de Worodan (Burkina Faso).

Monsieur Cissé, ministre du Développement social, de la Solidarité et des personnes âgées.

Les membres du RENAPESS Mali.
La marraine de la semaine : madame Aïcha Coulibaly

Le responsable du salon, monsieur Dembelé, qui pour accueillir les autres pays portait un habit traditionnellement burkinabé.

Des récipiendaires de prix pour reconnaître les gens qui oeuvrent dans l'ESS qui a eu lieu lors de la cérémonie d'ouverture. Remarquer le prix du monsieur (un agent de la paix qui s'est fait frappé par une voiture en dirigeant la circulation et qui a continué son travail étant blessé) — un Ciwara, animal mythique symbolisant le travail, et celui des femmes (elles étaient de façon générale des directrices ou des professeures) — une dame transportant un seau sur la tête, un bébé dans le dos, et un sac sur leur épaule....

J'ai trouvé le ruban (pas rouge) coupé pour l'ouverture du salon.

Notre kiosque au salon. Voici Dioni, le secrétaire permanent.
La conférence/débat
Celle-ci portait sur la mendicité, un problème assez important au Mali. Voici quelques notes tirées de la conférence : « lorsque l'on regarde le phénomène de la mendicité, il faut aussi regarder le contexte social. Le chômage est l'un des facteurs de celui-ci, la répartition de la richesse, les valeurs de la société qui prônent de tendre la main vers les gens qui sont dans des situations difficiles. Souvent, les gens viennent dans les grandes villes sans qualifications. Personne ne te connaît. Tu peux donc mendier, voler, etc. 

Le problème des enfants talibés
Explication de ma part : Les enfants talibés sont des enfants qui vont chez des maîtres coraniques pour y apprendre le Coran
On pense que tous les enfants qui sont dans la rue sont des talibés, ce qui est faux. Les femmes et les autres gens ont choisi la mendicité comme mode de revenue. 
Il y a de cela plusieurs années, on ne mangeait pas chez les maîtres coraniques. Lorsque les gens habitaient encore des petits villages, les enfants allaient le jour chez le maître et revenaient à la maison. On remerciait le maître avec des petits travaux : aller chercher du bois, le couper, s'occuper du bétail, etc.
Depuis les années 1970-1980, il y a eu une forte migration dans les grandes villes de Bamako. Les maîtres coraniques y sont aussi allés. Cependant, il est difficile d'aller chercher du bois dans les villes. Alors, les maîtres coraniques envoient les enfants chercher de l'argent. Note : ce ne sont pas tous les maîtres qui font cela. Cela n'a rien à voir avec la religion.

On retrouve d'autres mendiants que les enfants talibés : les handicapés, les veuves, les jumeaux, les vieillards, etc.
On recense quatre gros problèmes à la mendicité :
  • L'exposition aux risques d'accident;
  • Empêchement d'aller à l'école;
  • Exposé aux dangers (liés aux sexes et à la drogue);
  • Exposition à la maladie, à la violence et aux exploitations de toutes sortes.
Le rôle de l'ESS dans la lutte contre la mendicité. 
Un représentant d'ENDA Mali (un des membres du RENAPESS Mali) se prononçait sur le rôle de son ONG dans cette lutte. 
ENDA Mali a déjà aidé quelques centres coraniques à mener des activités génératrices de revenus comme l'installation de borne-fontaine. Les gens des alentours vont donc chercher de l'eau au centre et paient leur part. 
ENDA Mali a aussi participé a donné de la formation aux enfants talibés dans le domaine de la photographie. Certains sont aujourd'hui devenus indépendants.
Les femmes aussi ont été touchées par les actions d'ENDA Mali. Celles-ci ont bénéficié d'appui dans la recherche d'activités génératrices de revenus comme la couture et la teinture. »
Les conférenciers.
Malheureusement, je trouve que le sujet de la mendicité a été qu'effleuré. Les enfants talibés font partie des mendiants, mais plusieurs autres aussi. Des solutions ont-elles été apportées pour les personnes âgées atteintes de cataractes qui mendient? Je trouve que la conférence portait surtout sur les talibés et pas assez sur les autres catégories. 
Aussi, le ministère devait parler un peu de son rôle dans la lutte contre la mendicité. Le représentant de celui-ci a plutôt dressé l'historique.
Je ne suis pas restée très longtemps pour le débat puisque celui-ci se déroulait en Bambara et que je n'en connais pas assez pour bien comprendre.

mardi 25 octobre 2011

Vers Kayes

Voici le récit de mon voyage de trois jours dans la région de Kayes. J'ai adoré!
Kayes est l'ancienne capitale de Bamako. Elle se situe à 2 heures de la frontières avec le Sénégal. On dit (un guide touristique) que c'est la ville la plus chaude en Afrique...
Voici une carte de notre itinéraire (approximatif) :
Rose : jour 1; vert : jour 2; bleu : jour 3
Jour 1 : Bamako – Kita — Bafoulabé
Notre groupe était composé de 10 Toubabous, 1 guide (Ibrahim de Peul voyage) et 2 chauffeurs. 
Le départ s'est fait assez tôt vendredi matin. J'ai adoré cette journée! Les paysages étaient tellement différents de ce que j'avais vu vers Ségou-Mopti.  Beaucoup de verdure!
Les villageois font pousser des courgettes (plante grimpante) sur leurs toits



On fait sécher les épis. On choisit les épis qui sont bien garnis afin de replanter les graines l'année prochaine.
Nous suivions les pilons et le chemin de fer.
Notre pique-nique!
Après le pique-nique, nous sommes passés près du barrage de Manantali. L'un des plus gros au Mali qui alimente deux autres pays : le Sénégal et la Mauritanie.


Région du barrage de Manatali
Ibrahim qui donne des explications sur le barrage.
Le barrage de Manantali
Puis nous nous sommes rendus à la ville de Mahina avec sa fameuse gare! La voie ferrée a été construite à l'époque coloniale. Elle devait se rendre jusqu'à Koulikoro (à quelques kilomètres de Bamako), mais les "travailleurs" se sont révoltés.
Pour traverser le pont, les voitures et les piétons passent sur le même chemin qu'emprunt le train.
La gare de Mahina.

Les volontaires du CECI avec l'affiche (mais pas le bon CECI) à Mahina.
Puisque le soleil tombait assez rapidement, nous avons dressé nos tentes (ben les chauffeurs et le guide) pour notre nuit de camping. 


Les tentes.

Jour 2 : Bafoulabé - Gouina - Kayes
Au petit matin, nous nous sommes embarqués sur une pinasse pour une balade sur le fleuve Bafing et sur le fleuve Bakoye (les deux se rencontrent pour donner naissance au fleuve Sénégal). 
Voyez la différence des tons dans la couleur de l'eau, c'est les deux différents fleuves qui se joignent.

Le gros tas de pirogue!
Et là, l'aventure a réellement commencé. Les pistes que nous empruntions étaient assez cahoteuses et escarpées. Nous devions sortir des véhicules afin d'alléger la voiture.
Ibrahim donne les directions aux chauffeurs.

Cette descente-là était un peu plus risquée.



Nous nous dirigions vers les chutes de Gouina. Les pistes étaient bonnes jusqu'à ce que l'on rencontre des "brûlis" ou "feux de brousse" que les villageois avaient allumés dernièrement. Il n'y avait plus de flamme, ni de piste. Un peu perdus, nous sommes retournés sur nos pas à la recherche de quelqu'un qui pourrait nous aider. Dans un petit village, nous avons rencontré un paysan qui vivait dans un village près d'où nous nous dirigeons. Alors, il est venu dans la voiture pour nous diriger. Cependant, arrivé à peu près là où nous avions rebroussé chemin, le villageois ne savait plus où aller (les feux de brousse ayant vraiment bousier les pistes). C'est alors que nous avons rencontré un berger qui lui savait comment se rendre au village. Il y avait alors 3 guides dans notre voiture! Nous avons tout de même trouvé le village que nous cherchions, mais nous n'étions pas tout à fait aux chutes. Ibrahim a alors demandé à un villageois de nous montrer le chemin en moto (sauf que la moto ne pouvait pas s'arrêter, puisqu'elle avait beaucoup de difficulté à repartir. Nous devions la suivre de très près).


La piste et le reste des feux de brousse.

Les deux autres guides.

Sauf que l'aventure en a valu le coup! Les chutes de Gouina sont magnifiques!
Impossible de capter leur beauté.
 Après notre pique-nique, une baignade très rafraîchissante, nous sommes repartis vers le fort de Médine. Ce village est le 1er occupé par les Français. On y retrouve aussi la 1re école du Mali. 
Caroline et moi sur les canons : comme à Québec!
La première école du Mali
Photo prise dans l'enceinte du Fort
Les anciens bâtiments commerciaux
Myriam et moi récoltions les pics-pics (ou crams-crams) avec nos chaussures par mégarde.

Jour 3 : Kayes - Bamako
C'est la journée la plus épuisante du voyage. Déjeuner à 7 h, nous sommes allés visiter les familles (paternelle et maternelle) du guide. Son grand-père a 105 ans!
Nous avons vu le marché de Kayes avec les traversiers (des genres de pirogues autobus).
J'adore cette voile!
La pinasse autobus.
Le marché - trouvez les toubabous.


Puis, nous avons visité le Tata de Coniakary (un genre de fortification).

Stimulation d'une grimpe.
Nous sommes entrés par le coté... le monsieur qui avait la clé de la grille était au marché
Le Tata et la route du village
Puis, nous sommes repartis vers la maison. Le voyage s'est terminé vers 21 h. Chapeau aux chauffeurs pour les heures (plus que 12 h) interminables de conduite!

Un embouteillage




mardi 18 octobre 2011

Quel est ton nom malien?


Quoi? Je dois avoir un nom malien? Eh oui, ici on a tendance à rebaptiser les Toubabous. Je n'ai jamais vraiment compris ou aimé (et je n'ai pas encore accepté) cette pratique me faire rebaptiser. En fait, lorsque l'on vous rebaptise, on change votre nom et votre prénom pour un que l'on trouve ici. 
Moi, je n’en avais pas jusqu'à tout dernièrement. Chaque fois que l'on me demandait mon nom malien, je disais que je n’en avais pas alors on me trouvait un nom de famille, exemple :

- « Quel est ton nom malien? »

- « ... j'en ai pas »

- « Ah non, et ben tu devrais être une [mettre un nom de famille malien ici que l'on va nommer x] »

- « pourquoi ce nom de famille? Est-ce le vôtre? [souvent, ce ne l'ai pas, ou lorsque l'on ait avec beaucoup de Maliens, ils n'ont pas tous le même] »

- « Non, moi je suis un [mettre un autre nom malien] »

- Alors, pourquoi ne pas me donner le vôtre? C'est bien être une [x] », est-ce le meilleur nom malien? Quels sont leurs qualités et leurs défauts? »

-.... 

En général, je continue de poser des questions pour que l'on ne me donne pas de prénom et je pars.
Chaque fois, je suis un peu triste de ce baptême. Comme si je ne pouvais pas bien m'intégrer au Mali si je conservais mon nom et prénom d'origine. D'autres expatriés le voient totalement différent en disant que c'est un jeu et certains ont même reçu plus qu'un baptême et portent plusieurs noms et prénoms.
Puisque je n'aime/comprends pas trop cette pratique, j'ai décidé de me trouver un nom moi-même. Lorsque l'on me pose la question, je dis que je me nomme Zozanie (lapin). Alors, là, c'est des éclats de rire pratiquement assurés! On m'a même demandé Zozanie quoi? (Soulignez ici l'importance d'avoir un nom de famille, peu importe lequel) Je réponds donc : « avez-vous déjà vu un lapin avec un nom de famille? Moi, jamais. Je m'appelle Zozanie tout cours » et je fais un très beau sourire.
Lors de mon assemblée générale au mois de juillet, on m'a posé cette question. J'ai donc répondu Zozanie. Depuis ce temps, même au travail, on me nomme Zozanie.  
Pourquoi Zozanie? Cela ressemble à Joanie et je n'appartiens à aucune famille distingue! 
Zozanie

vendredi 7 octobre 2011

Billet (critique) sur les journalistes maliens


Ce billet découle d’une formation que le RENAPESS Mali a donnée aux journalistes de 10 boîtes de presse (ben il y avait que 9 participants, dont 2 femmes) de la radio (3) et de la presse écrite (6). 
Les journalistes et quelques formateurs

Bon je commence. Les journalistes ici – comme je l’ai déjà exprimé dans un billet précédent - se font payer leur déplacement. Donc, pour notre formation, nous avons dû payer 10 journalistes pour venir et apprendre sur un sujet précis. Pour moi, c’est un concept que je connais, mais avec lequel j’ai beaucoup de difficulté! En plus, nous avons donné 10 $ pour le transport (il y avait la pause café – brochette et breuvage – et un diner). Certains ont exprimé (de façon anonyme) que les frais de transport étaient peu! Quoi? Avec 10 $, je peux traverser la ville de Bamako d’un bout à l’autre! Alors, combien veux-tu que je te donne pour que je TE FORME? On s’entend que le RENAPESS Mali est de type ONG, alors pour les fonds, il faut toujours demander de l’argent ici et là.
La pause et les formateurs du RENAPESS Mali
Alors, j’étais vraiment (et encore) estomaquée, l’une de mes collègues m’a dit que c’était pas mal le maximum qui se donnait au Mali. Et que la personne a écrit ça parce qu’elle n’avait rien à dire. Elle disait aussi que les journalistes ici pensent qu’ils sont très importants, mais ils (la majorité) ne vont pas chercher l’information, les structures leurs donnent ce qu’elles veulent qui est diffusé. De plus, on m’a même dit – de source sûre – que lors des conférences avec le gouvernement, lorsque les journalistes posent des questions (qui sont pas très poussées selon moi) poussées, le gouvernement dit souvent : « ce n’est pas une bonne question, on passe à une autre ».
 
En parlant de question,  cela faisait 30 minutes que la présentation était commencée (on s’entend qu’aucun de journalistes ne connaissait l’économie sociale et solidaire ni le RENAPESS Mali) et un des journalistes posait des questions qui étaient là, non pas pour mieux comprendre les thèmes exigés, mais pour chercher des poux à l’économie sociale et solidaire. Bon, là, vous allez penser que je fais comme le gouvernement en disant que l’on passe à autre chose. Mais il est difficile de poser des questions poussées sur un sujet que l’on ne maîtrise pas. En d’autres mots, j’ai été très déçue des questions reçues durant l’entièreté de l’atelier. 
Petit jeu sur l'économie sociale et solidaire.

Je comprends que certains concepts sont assez nouveaux ici au Mali comme le commerce équitable, bien que certaines associations maliennes travaillent dans ce sens. Je me suis rendu compte que certains journalistes n’avaient rien compris quand un d’eux a posé une question (sûrement choc pour lui) après la présentation d’un exemple de l’économie sociale et solidaire qui était le commerce équitable. Sa question était : « est-ce que le RENAPESS Mali a des liens avec l’Organisation mondiale du commerce pour contrôler le commerce équitable. » (Je réitère que le RENAPESS Mali est le Réseau d’appui à la promotion de l’économie sociale et solidaire et est composé d’une soixantaine de membres qui oeuvrent dans plein de secteurs différents !!!!).
Les formateurs et les participants
Finalement, ce sujet touche plus que les journalistes. Cependant, je m’en suis aperçue durant la formation. Une des présentatrices discutait du genre et de l’économie sociale et solidaire. Dès le début de la journée, il manquait les 2 seules femmes (elles étaient en retard) et l’un des journalistes de sexe masculin s’est exclamé : « mais il manque les deux principales intéressées. » Ce que j’ai gentiment répondu par : « Mais monsieur, il y a deux genres. »  Et durant cette partie, c’était la seule durant les deux jours où les gens riaient aux éclats (la présentatrice ne faisait pas vraiment de farce…). Bon hormis que c’est un sujet encore pris à la légère, je trouve que lorsque l’on parle de genre, on parle uniquement de femme. Cependant, certaines fois, lorsque les femmes travaillent, on leur demande si les maris sont au courant et d’accord. Il faudrait aussi promouvoir le genre (je sais que c’est réaliser quelques fois) chez les femmes, mais aussi chez les hommes. Souvent, les femmes sont les seules dans cette section. Est-ce que les hommes sont écartés de ces groupes, comme si lorsque l’on parle de genre, c’est seulement le sexe féminin? Je pense bien que les hommes et les femmes puissent promouvoir les 2 genres.

Trashy bags

Lors d'un court séjour à Accra (Ghana), j'ai découvert une entreprise qui oeuvre dans la transformation du plastique : Trashy Bags

Au Ghana, comme au Mali, on peut acheter de l'eau sur le côté de la rue. L'eau se trouve dans des sacs de plastique contrairement à ce dont je suis habituée : des bouteilles de plastique. Stuart Gold a eu une idée fabuleuse en donnant une deuxième vie à ces sachets qui se retrouvent trop souvent par terre et dans les dépotoirs. De plus, cela offre des emplois à la population locale. Quoi de mieux?

Les produits sont tellement diversifiés : sacs de toutes les tailles et de tous les formats, porte-monnaie, des casquettes, des paniers (faits de plastique et de textile recyclé), en plus de la possibilité de tous personnaliser! Pour moi qui adore les produits recyclés, Trashy Bags est un parfait exemple de ce que la créativité peut apporter. Bravo!

Moi habillée par Trashy Bags!