Contexte
Hier, je « fêtais » le 1 mois de ma
délocalisation du Mali. Si quelqu'un m'avait demandé le 28 mars dans 1 mois où
je me voyais... j'aurais sûrement dit en Europe (j'avais planifié un voyage
là-bas). Je n'avais jamais pensé revenir aussi rapidement au Canada. Cela est
un refrain que j'ai déjà chanté sur ce blogue. Bref, je suis rentrée au pays
avec 1 an et demi de ma vie à raconter. Je savais déjà que mon entourage me
poserait des questions sur mon séjour. J'avais bien hâte d'en parler.
Les
faits
J'ai confronté la réalité la fin de semaine
dernière, lorsque j'accompagnais Léa à son camp de sélection de soccer. J'avais
déjà entrainé plusieurs des filles qui se trouvaient à ce camp et je
connaissais leurs parents. Lorsque l'on m'a demandé comment j'ai trouvé le
Mali, la première chose que j'ai dite, c'est qu'il faisait chaud et que cela
était presque dangereux de jouer à certaines heures dehors (donc que ma fille
ne pouvait pas trop jouer au soccer à tout moment). Puis, l'un des parents a
immédiatement saisi cette occasion pour lier cette expérience (la chaleur) avec
une vague de chaleur qui a touché le Québec l'an dernier. Je suis restée un peu
perplexe. Je ne comprenais pas pourquoi on me parlait du Québec alors que je
venais à peine de commencer mon récit.
Le constat
1- Le manque d'intérêt
Après quelques heures de frustrations internes,
j'ai compris que les gens ne s'intéressent pas vraiment à mon expérience. C'est
plus par politesse que par intérêt qu'on me posait des questions. Je comprends
qu'il peut être difficile pour certaines personnes de bien saisir l'information
que je donne. J'ai beau tenter de dire qu'il faisait chaud, c'est comme décrire
le froid de l'hiver à quelqu'un qui ne la jamais vu l'hiver... quand tu ne l'as
pas vécu, c'est difficile de faire le lien et de t'accrocher à l'histoire de
l'interlocuteur. J'ai même vécu ce manque d'intérêt avec certains de mes
proches, des gens qui étaient venus me visiter, donc qui connaissaient certains
éléments de ma vie là-bas, mais qui ne voulaient pas trop en savoir sur mes
expériences après leur départ.
2- Le manque de temps
Puis, j'ai aussi compris que les gens n'ont pas
nécessairement le temps d'écouter tes histoires. Ils ont leurs propres vies et
occupations. La majorité des gens ne prendront pas le temps de t'écouter. Je
tiens cependant à souligner qu'il y a des gens qui veulent savoir, qui ont le
temps et prendront le temps pour écouter.
La
solution
En fait, une discussion avec une ancienne
expatriée m'a vraiment apporté cette image : c'est comme si j'étais
revenue d'une fin de semaine en voyage. Les gens veulent que tu leur décrives
le tout (dans mon cas, 1 an et demi) en 5 minutes.
Mon père, un diplomate professionnel, m'a donné
un truc : trouver 1 point fort et 1 point faible avec lesquels l'auditoire
moyen peut faire des liens, et après c'est tout. Il ne faut pas nécessairement
que ces points soient vrais, mais ils doivent être simples pour que mon
auditeur puisse comprendre ce que « j'ai vécu ». J'imagine que c'est
de cette façon que les stéréotypes sont continués et réaffirmés.
Je serais toujours surprise lorsque l'auditeur en
voudra plus. Si je veux parler de mon expérience, mon meilleur auditoire est
les gens qui ont vécu des expériences similaires. En fait, je reviens d'une
thérapie amicale à Montréal. Je suis allée voir trois de mes amis (deux d'entre
eux avaient vécu au Mali) qui ont su m'écouter et qui étaient curieux sur mes
expériences. Je pouvais donc parler librement. Je suis revenue dans l'Outaouais
avec la conscience légère et un meilleur état d'esprit.
La prochaine fois que je rencontrerai quelqu'un
qui me demande ce que j'ai le plus aimé (dans mon 1 an et demi... je me vois
mal demandé la même chose à mon interlocuteur. Maintenant que j'y pense, je
crois que je le ferais peut-être... je serais curieuse de connaître la
réponse), je crois que je répondrais : que les Maliens sont très gentils
et ce que j'aime le moins aimé : la chaleur.
Conclusion
Malgré mes nombreux déménagements, c'est la
première fois que je ressens cette isolation sociale. Je sais que c'est normal.
Je crois cependant que j'ai vécu une expérience qui mérite d'être racontée,
mais qui ne suscite pas autant d'intérêt que je croyais. En même temps, toutes
les fois que je reviens de l'étranger, un ménage naturel dans mon entourage se
fait souvent. Les chemins se séparent. Je comprends désormais que mon chemin a
pris une tournure différente, ma vision de mon entourage aussi. J'ai adoré mon expérience.
J'adore aller voir ce qui se passe ailleurs dans le monde, ou même dans le
Canada (le nord du Canada m'attire beaucoup... peut-être que j'y ferais un
petit tour un jour...).